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Aux feels du temps
3 février 2016

La petite Suzanne

Il entre dans la classe, s'assoit dos au tableau et commence à parler. La voix est chaude, les yeux pétillent, les bouches des enfants s'entrouvent. Dans le calme de la classe, Roger Judenne nous raconte une histoire.

C'est un merveilleux conteur.

Dans son livre la petite Suzanne, j'ai été captivée dès le début.

Nous sommes plongés au coeur de l'histoire. Le travail de documentation a dû être très important car nous sommes propulsés dans le quotidien de Rosine avec une précision ciselée.

Rosine se voit confier la petite Suzanne qui est pupille de l'état. Très fragile, le bébé décède. Pour conserver la pension qui lui est versée, elle déclare le déces de sa fille Jeanne. Au retour de son mari, qui est une gueule cassée, elle garde le secret pour elle. La petite Suzanne/Jeanne fait le bonheur de ses parents jusqu'au jour où l'administration permet l'adoption de ces enfants placés chez des nourrices.

La lutte pour surmonter les difficultés quotidiennes, aussi bien sur le plan financier que sur le plan de la santé, est très bien décrite. Nous sommes dans la difficulté et les petits bonheurs. Le personnage de Rosine ne nous laisse pas indifférent.

9782812915567

 *** Bonne lecture! ***

Je vous transmets un entretien avec Roger Judenne: 

Roger Judenne est né dans une famille d’origine rurale. Son enfance se déroule au contact de la nature et des paysages de la Beauce. Toute sa vie, Roger Judenne a mené en parallèle une carrière d’enseignant et de romancier, alternant avec bonheur romans du terroir, romans policiers et de nombreux romans pour la jeunesse.

 

Pouvez-vous nous parler de votre livre, quel est le thème central ?

De la guerre de 1870 à la guerre de 1940, le Perche a été une région privilégiée pour accueillir des enfants abandonnés, les fameux « gosses de l’Assistance », très souvent originaires de Paris. Les nourrices y trouvaient un complément de revenu. Malheureusement, ces nourrissons étaient très fragiles et la mortalité était forte. C’est précisément pour ne pas perdre l’allocation de l’Assistance publique que, dans cette histoire, la nourrice substitue sa propre fille au bébé mort. Jusqu’à 1923 où une nouvelle loi est votée…

 

Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire ce livre ?

L’admiration que j’ai pour ces gens simples qui redonnaient une vraie famille à des enfants rejetés par la vie.

 

Avez-vous toujours eu envie d’être écrivain ? 

Je n’ai pas choisi de devenir un homme. Je n’ai pas davantage choisi de devenir romancier. La nature m’a fait ainsi. J’ai été un enfant qui jouait en inventant des histoires. Pour moi, imaginer une histoire, cela relève du même processus de jeu. Dès que j’ai su lire et écrire, j’ai commencé à rédiger mes jeux sur des carnets. En grandissant, j’ai progressivement remplacé mes jeux par des textes. Pour moi, écrire un roman, c’est un jeu immobile.

 

Depuis que vous écrivez, quel est votre plus beau souvenir ? 

J’ai situé plusieurs de mes romans dans des lieux géographiques qui existent vraiment. Bien entendu, rien de ce qui se passe dans le roman ne s’y est déroulé. L’histoire est purement imaginaire. Pourtant, à plusieurs reprises, j’ai vu des lecteurs venir photographier les lieux. Ce moment est extraordinaire pour moi parce que j’ai convaincu le lecteur au point de lui faire voir des personnages fictifs.

 

Quels sont vos rituels d’écriture ? 

Ecrire, pour moi, c’est d’abord « écrire dans sa tête ». Personnages, décors et intrigue sont trois fils que mon imagination tricote longtemps. A la manière d’un comédien –virtuel- je joue le rôle de chaque personnage et je m’imagine confronté aux situations que j’invente (je joue tous les rôles). C’est donc d’abord en jardinant ou en conduisant ma voiture que j’écris. A ce stade, il n’y a ni rituels, ni habitudes.

Ensuite, quand toute l’histoire est écrite dans ma tête, il s’agit de la mettre en mots. C’est une autre activité qui nécessite du calme, du temps, de la disponibilité. Je « rédige » (je fais une différence entre écrire et rédiger !) généralement  de très tôt le matin jusqu’à midi, chez moi, en écoutant de la musique qui colle à mon histoire, créé l’ambiance et m’aide à trouver les mots et les formulations.

 

Quel est le lieu idéal pour lire ? 

Son lit, le soir à la lumière d’une lampe de chevet…

 

Et celui pour écrire ? 

Pour moi, écrire c’est essentiellement une activité de conception et de création. C’est donc une activité mentale. C’est mieux quand on a l’esprit complètement dégagé (dans son jardin ou seul dans sa voiture, par exemple) mais je peux « écrire » partout et n’importe quand parce que, même au milieu des autres, je m’isole mentalement très facilement.

 

Qu’aimez-vous lire ?

Je lis un peu tout, mais ma préférence va vers les romans dits populaires, en particulier ceux qui ont un scenario fortement tricoté et une fin que je ne devine pas avant les dernières pages. J’adore lire et relire des auteurs comme Zola, Bernard Clavel ou des écrivains de langue espagnole (Horacio Quiroga, par exemple).

 

 

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